Museo CYDT
ÉDITION ORIGINALE du PREMIER LIVRE d’Apollinaire, de Derain illustrateur et de Kahnweiler éditeur.
Entrepris dès 1898, l’ouvrage connut deux versions : l’une publiée en 1904 dans Le Festin d’Ésope, revue fondée par l’auteur ; la seconde, après avoir été remaniée, fit l’objet de cette publication.
Dans cette première œuvre, on retrouve les thèmes essentiels du poète cubiste : impossibilité de l’amour, obsession du temps, quête de l’identité et exaltation de la création poétique. Elle est au cœur de sa production. Le dernier chapitre « Onirocritique » apparaît comme le prélude du surréalisme.
Premier pas du peintre de Chatou dans l’univers du livre illustré.
Derain se mit au travail en juillet 1909, et l’acheva en septembre. Le livre comporte 32 bois gravés dont 12 hors-texte.
Ces gravures informelles, d’esprit fauve, ont été traduites assez librement, recherchant davantage un enrichissement du texte qu’une paraphrase. François Chapon évoque ici l’art des résonances.
Intronisation de Kahnweiler en tant qu’éditeur.
C’est la première d’une série de publications qui marqueront de leur empreinte le monde du livre illustré au XXesiècle. Novateurs, ces livres obéissent à une politique d’édition très stricte : texte en édition originale, tirage restreint, modestie du format, absence de légende pour les planches et de pagination, parti pris du noir...
L’un des 75 exemplaires sur papier vergé fort à la forme des Papeteries d’Arches.
L’une des plus spectaculaires reliures à lames d’ébène articulées de Jean de Gonet. La technique de la lame articulée a été développée par ce dernier à partir de 1981.
L’exemplaire a été placé dans une boîte à rabats, à dos de box, titrée au palladium. Édition limitée à 106 exemplaires numérotés, signés par l’auteur et l’artiste. DIMENSIONS : 258 x 198 mm.
€25,000–35,000 $29,000–40,000 - £22,000–31,000
Peyré, Peinture et poésie, pp. 107-108 ; [...], From Manet to Hockney, Victoria & Albert Museum, 26 ; Johnson, Artists’ Books in the Modern Era, 1870-2000,14 ; Pernoud, L’Estampe des Fauves, pp. 79-84 ; [...], André Derain, Musée d’Art moderne de la ville de Paris, p. 380 (« Ces gravures sont un adieu au fauvisme ») ; Coron, Jean de Gonet relieur, 2013, n° 29 (jusqu’en 2010, environ soixante-dix reliures à lames articulées ont été créées par le relieur...) et n° 95 (« les reliures à lames articulées, peu nombreuses au début des années 1990, reviennent en nombre – on en compte 28 – de 1997 à la fermeture de l’atelier »).
Le Bestiaire ou cortège d’Orphée.Paris, Deplanche, 1911, in-4°, maroquin naturel, plats mosaïqués de veau noir et bleu à motifs de feuilles, de feurs et de papillons, décor se prolongeant au dos, doublure et gardes en daim noir, couverture de vélin, tranches dorées, chemise et étui gainés de maroquin havane (Creuzevault).
ÉDITION ORIGINALE.
Suite de trente poèmes, quatrains et quintils, dont quinze avaient été publiés en juin 1908 dans La Phalange. En août 1910, Guillaume Apollinaire (1880-1918) adressa à Raoul Dufy (1877-1953) les 15 autres.
Picasso avait été pressenti par le poète pour illustrer son Bestiaire, mais ce dernier ne manifestant qu’un enthousiasme modéré dans son travail – fn 1907, seuls deux bois avaient été gravés (« Le Poussin » et « L’Aigle ») –, Apollinaire porta alors son choix sur Dufy.
« C’est Apollinaire qui m’entraîna dans l’aventure du Bestiaire qui devait, selon lui, nous apporter gloire et richesse ! C'était en 1909 » (Raoul Dufy, Plaisir du bibliophile, n° 7, 1926, propos recueillis par P. Istel).
En Deplanche ils trouvèrent leur éditeur ; Gauthier-Villars, l’oncle de Willy, fut choisi comme imprimeur ; le tirage se ft sous la responsabilité de l’excellent pressier Lefèvre. Dufy surveilla l’impression de la première à la dernière feuille.
Le 11 mars 1911, l’ouvrage parut. Le succès escompté tarda à venir. Ne parvenant à vendre qu’une vingtaine d’exemplaires, Deplanche céda le restant au libraire antiquaire Chevrel.
39 bois originaux de Raoul Dufy (1877-1953).
Gravés à la Villa Médicis libre ainsi que dans son atelier rue Linné, ces emblèmes animaliers, fruits d’une étroite collaboration entre le peintre et le poète, ce dernier intervenant directement dans la composition des bois, suscitèrent les louanges d’Apollinaire.
« Ces bois témoignent d’une grande sûreté de métier, ils sont traités d’une manière large où les détails qui ne sont jamais évités ne deviennent pas des minuties. »
€25,000–35,000 $29,000–40,000 - £22,000–31,000
Par ce cycle iconographique empreint d’imagerie populaire, Dufy a introduit une notion décorative dans le bois fauve.
Sensible à cette suite d’images, Paul Poiret suggéra au peintre de transposer les motifs du Bestiaire pour des décors de tissus et de tentures ; il travailla également d’après cette veine pour le soyeux lyonnais Bianchini.
L’un des 91 exemplaires sur papier de Hollande ; celui-ci est signé à la plume par Apollinaire et Dufy.
Intéressante reliure à mosaïque non sertie d’Henri Creuzevault (1905-1971).
Elle appartient à la série qu’il réalisa à partir de 1950 sur le Bufon de Picasso, L’Enchanteur pourrissant d’Apollinaire ou Les Lettres portugaises illustrées par Matisse...
Certaines d’entre elles furent exposées à la Bibliothèque nationale en 1953.
Celle-ci a échappé au travail de recensement de Colette Creuzevault.
Exemplaire très bien conservé.
Discrètes rousseurs aux premiers feuillets de garde.
Édition limitée à 122 exemplaires numérotés, signés à la plume par Apollinaire et Dufy. DIMENSIONS : 320 x 245 mm.
PROVENANCE : Jacques Fougerolle.
Peyré, Peinture et poésie. Le dialogue par le livre, p. 108 ; Pernoud, L’Estampe des Fauves, pp. 84-94 ; Tourlonnais – Vidal, Raoul Dufy, l’œuvre en soie, pp. 22-27 ; [...], From Manet to Hockney, Victoria & Albert Museum, 27 ; Castelman, A Century of Artists Books, p. 119.